Se reconstruire après la violence conjugale

Josée Vaillancourt

Conseillère en main d'œuvre

Contexte

Catherine*, mi-trentaine, sortait d’une relation toxique et violente qui avait duré vingt ans. Elle avait perdu la garde de sa fille à la suite d’embûches avec son ex-mari et tentait de reprendre sa vie en main. Peu scolarisée, elle avait décidé de débuter par ses propres moyens sa scolarité de niveau secondaire au moment de son arrivée chez Cap Emploi. Elle vivait chez sa mère et avait deux emplois (un de nuit et un de jour) qu’elle maintenait tout en étudiant. Son objectif était d’avoir de l’accompagnement pour voir les possibilités de faire le DEP « Assistance à la personne à domicile et en établissement de santé » et éventuellement devenir préposée aux bénéficiaires. Aussi, elle voulait poursuivre en parallèle ses études secondaires afin d’obtenir son diplôme de cinquième secondaire et ensuite aller au collégial pour devenir infirmière un jour.

*pseudonyme

Défis particuliers

Emportée par une incroyable énergie de survie, travaillant jour et nuit, elle fonctionnait à 100 miles à l’heure et pouvait avoir certaines difficultés à bien planifier les étapes de son plan d’action. Elle vivait une grande peine face à la perte de la garde de sa fille pré-adolescente qui vivait avec son père. Son ex continuait de la harceler en rôdant autour de son domicile. Elle devait aussi s’occuper de procédures judiciaires. Elle manquait de ressources pour faire face à tout ce qu’elle vivait, mais elle se débrouillait.

La stratégie que j’ai utilisée

Dans un premier temps, j’ai vérifié si elle avait besoin de ressources et lui ai suggéré certains organismes. Ensuite, j’ai fait évaluer son éligibilité à un programme de Service Québec afin de voir si elle pouvait avoir accès à un soutien financier pour lui permette d’étudier sans avoir à garder deux emplois. Puis, nous avons organisé les étapes nécessaires pour atteindre cet objectif. Elle n’a raté aucun rendez-vous. J’ai monté un dossier de formation et je l’ai présenté à une agente du Bureau Service Québec. Elle a été acceptée dans le cadre de la mesure PARAF, ce qui lui donnait un soutien financier plus élevé que la mesure de formation régulière.

Malheureusement, la formation DEP qui l’intéressait dans la région manquait de candidats à l’inscription et la date de départ est devenue incertaine. Déterminée coûte que coûte à changer sa vie et assurer sa sécurité, elle a décidé de changer de région et de déménager à Québec. J’ai dû négocier avec Service Québec l’acceptation de son dossier de formation dans sa nouvelle région. Le résultat a été positif. Elle a dû refaire les procédures d’inscription et a été acceptée.

Résultats obtenus

Quelques semaines plus tard, elle trouvait un logement et déménageait à Québec pour le début de sa formation professionnelle dans le cadre de la mesure PARAF. Nous sommes en contact régulièrement et tout se passe bien malgré une période difficile au début (adaptation à une nouvelle région, nouveaux repères, éloignement de sa famille). Elle s’est aussi inscrite à l’école des adultes de son nouveau secteur et termine en parallèle ses études secondaires. Elle n’a plus à occuper deux emplois et peut se consacrer à ses études. Elle se bâtit petit à petit un nouveau réseau.